L'AIKIDO EN FRANCE

11/2/15

source ACCAAMa


L’Aïkido est introduit en France par Minoru MOCHIZUKI Sensei en 1951. 

Minoru MOCHIZUKI Sensei pratique les arts martiaux, principalement le Judo quand il est recommandé en 1930 par son professeur KANO Sensei auprès de Ueshiba Sensei pour étudier les techniques de Ju-Jutsu. A l'ouverture du futur Hombu Dojo, Ueshiba Sensei lui demande de devenir ushideshi. Il devient certainement un des élèves les plus appréciés du Maître qui, en outre, souhaitait que MOCHIZUKI épousât sa fille.

En fait, MOCHIZUCHI Sensei ne vit qu'un an auprès d'O Sensei mais ils gardent de telles relations que Ueshiba Sensei lui rend toujours visite quand ses voyages le rapprochent de la région où habite son élève. 

Alors que MOCHIZUKI Sensei est invité en Europe pour enseigner le Judo, O Sensei lui confie qu'il a rêvé, par trois fois, qu'un de ses disciples allait diffuser l'Aïkido en Europe et qu'il avait acquis la certitude que ce serait lui. MOCHIZUKI Sensei dirige alors de nombreux stage de Judo et exécute différentes démonstrations pour promouvoir l'Aïkido. 

En 1952, il est expulsé de France pour avoir tenu des propos antinucléaires. Avant son départ, il charge un de ses élèves, Jim ALCHEIK, de poursuivre son oeuvre. de retour au Japon, il demande à O Sensei UESHIBA d'envoyer un nouveau disciple en  France. Tadashi ABE Sensei est désigné pour accomplir cette mission. 

ABE Sensei est alors âgé de 28 ans et ne parle pas un mot de français. Il enseigne néanmoins dans les dojos de Judo déjà implantés à cette époque. KAWAISHI Sensei lui conseille alors de procéder comme il l'a fait pour le Judo à son arrivée, de codifier les mouvements sous forme de séries; ce qui s'avère plus adapté à la pédagogie des occidentaux. De 1953 à 1961, ABE Sensei suit méthodiquement ce conseil. Après huit ans de travail, il retourne dans son pays considérant accomplie la mission que O Sensei UESHIBA lui avait confiée. 

Avant de quitter la France, il décerne la 4ème dan à André NOCQUET Sensei (élève de O Sensei UESHIBA de 1955 à 1957) qu'il charge d'assumer la relève. Il laisse plusieurs milliers de pratiquants en France, dont de nombreuses ceintures noires. 

De retour au Japon, il est choqué par le changement de l'enseignement pendant son absence. Reprochant au Hombu Dojo de pratiquer un sport de femmes, il se sépare de l'Aïkikaï. 

En France, la révolte gronde. André NOCQUET Sensei ne parvient pas à faire l'unanimité auprès des pratiquants, dont certains n'acceptent pas de lui laisser le premier rôle pour diriger et développer l'Aïkido comme il l'entend. Une demande est faite, auprès de l'Aïkikaï, pour déléguer en France un expert japonais. Certainement très flatté par cette démarche, les Japonais choisissent Mitsuro NAKAZONO Sensei qui arrive en 1961 à Marseille. Ce choix n'est peut-être pas le meilleur. En effet, NAKAZONO Sensei est très influencé par la philosophie et la spiritualité. Sans remettre en cause ses qualités, le contraste est cependant saisissant avec le "guerrier" Tadashi ABE Sensei. Le nouvel expert refuse toutes codifications puisque celles-ci n'existent pas au japon. Dans son dojo de la porte saint-Martin, à paris, il instaure des exercices de médiation avant la pratique, comme le fondateur O Sensei UESHIBA avait l'habitude de le faire. beaucoup d'élèves le quittent, mais parmi ceux qui persévèrent se trouve un jeune adolescent de seize ans, Christian TISSIER. En 1967, NAKAZONO Sensei crée l'institut KAMANAGA, où il enseigne pour la 1ère fois en France le kato-Tama (les mots de l'âme), répétition de certains sons précis selon un ordre déterminé, cher à O Sensei. en 1970, NAKAZONO Sensei quitte la France pour Santa-Fé, Etats-Unis, où il n'enseigne plus l'Aïkido. 

La même année que NAKAZONO Sensei, en 1961, arrive en France un 2ème disciple, Masamachi NORO Sensei, cette fois choisi par O Sensei, et mandaté pour propager l'Aïkido en France et en Europe. Entre-temps, plusieurs pratiquants se sont établis depuis le départ de Tadashi ABE Sensei. Refusant d'accepter NAKAZONO Sensei comme remplaçant, ils poursuivent leur propre chemin. L'arrivée de NORO Sensei est accueillie avec beaucoup de méfiance par certains professeurs français qui ont peur que soit mis en cause leur prestige naissant. Masamichi NORO Sensei, certainement ébranlé par cet accueil sans chaleur, poursuit sa mission et crée en 1962 l'Association CulturelleFrançaise d'Aïkido (ACFA). Il organise de nombreux stages en France et en Europe et fonde en l'espace de trois ans 250 clubs qu'il dirige dans toute l'Europe. En 1969, NORO Sensei est victime d'un grave accident de la route qui le laisse, en dépit de plusieurs opérations, paraluysé d'un bras. Sans qu'il en soit informé, les instances du moment décident de confier la responsabilité de ses clubs à ses assistants. Quand il reprend son enseignement, seulement quelques fidèles sont encore au rendez-vous. Il ouvre alors à Paris un dojo appelé Institut Noro. C'est l'époque de la contestation en France. Les querelles à propos de formes, de styles, sont incessantes, chaque groupe étant persuadé de pratiquer et d'enseigner le "vrai" Aïkido. Son style étant de plus en plus critiqué, NORO Sensei de se séparer de toute attache et donne un nouveau nom à son art, où la notion de combat disparaît complètement : le kinomichi. 

C'est au cours de cette période qu'un 3ème maître japonais arrive en France. En 1964, O Sensei UESHIBA charge Nobuyoshi TAMURA Sensei, qui a prévu de découvrir l'Europe durant son voyage de noces, d'étudier la manière dont fonctionne l'Aïkido en France au travers des structures associatives qui le régissent. A ce moment, les relations entre Français et Japonais se sont considérablement dégradées, les premiers reprochant aux seconds de ne pas s'adapter à leur mentalité et à leur réalité. 

TAMURA Sensei qui ne devait rester que quelques mois en Europe, s'installe en France où il demeure encore aujourd'hui. TAMURA Sensei adhère à l'ACFA créée par NORO Sensei puis il rejoint en 1971 les groupes adhérents à la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées (FFJDA). Il participe également à la fondation à l'Union Nationale d'Aïkido (UNA), son style devenant de plus en plus représentatif. Il collabore avec André NOCQUET Sensei et Hiroo MOCHIZUKI Sensei, fils de Minoru MOCHIZUKI Sensei.

André NOCQUET Sensei a étudié l'Aïkido dans les années 50 avec Minoru MOCHIZUKI Sensei, puis avec ABE Sensei en 1953, tout en enseignant parallèlement le judo. Sur le conseil de Tadashi ABE Sensei et avec une lettre de recommandation, André NOCQUET Sensei part en juin 1955 au Japon pour devenir élève de O Sensei. Il a alors comme compagnons d'entraînement NORO Sensei, SAOTOME Sensei, et TAMURA Sensei. Deux ans et demi plus tard, O Sensei UESHIBA lui décerne le diplôme de Maïtre d'Aïkido. NOCQUET Sensei séjourne quelques temps à Hawaï où il pratique avec TOHEI Sensei avant de rentrer en Fance en 1958. En 1961, Tadashi ABE Sensei lui attribue le 4ème dan avant de rentrer au Japon et il semble que OSensei lui donne en 1962 mandat pour être le représentant général de l'Aïkido en France. En 1969, NOCQUET Sensei participe à la création de l'Union Européenne d'Aïkido dont il sera le professeur et le directeur technique. 

 

Histoire de l'organisation fédérale en France...

Dans les années 50, l'Aïkido est enseigné dans les dojos de judo aux ceintures noires. On doit à Tadashi ABE Sensei la 1ère codification de cet art sous forme de série. 

La 1ère structure fédérale française est créée par Jim ALCHEIK Sensei en 1959. Elle prend le nom de FédérationFrançaise d'Aïkido Taï-Jutsu et Kendo (FFATK). ALCHEIK Sensei est l'élève de Mioru MOCHIZUKI Sensei avec qui il a passé un an au Japon en 1958. Il développe un programme d'entraînement destiné aux futurs instructeurs, essentiellement recrutés parmi des ceintures noires de judo. Il est tué lors d'un attentat en Algérie en 1962. 

Au début des années 60, le nombre de pratiquants est en augmentation (de 400 à 500) et il y a pénurie de professeurs. Après le départ de Tadashi ABE Sensei en 1961, plusieurs groupes se forment, organisés par ses anciens élèves. Le plus important est celui d'André NOCQUET Sensei. En 1964, celui-ci rejoint la FédérationFrançaise de Judo (FFJ) qui devient la Fédération Française de Judo et de Discipline Associées (FFJDA). la même année, la FFATK rejoint la FFJDA. Masachimi NORO Sensei dirige de son côté un groupe indépendant, l'AssociationCulturelle Française d'Aïkido (ACFA) créée en 1962. En 1965, la section d'Aïkido de la FFJDA comprend 111 dojos avec 2 200 membres. En additionnant les groupes de NORO Sensei, NAKAZANO Sensei et TAMURA Sensei, le nombre de pratiquants augmente de 1 000 personnes. C'est en 1967 que Nocquet Sensei et ses élèves quittent l'organisation du Judo pour créer la Fédération Française D'Aïkido (FFDA). 

L'Aïkido poursuit son développement et le nombre de pratiquants dépasse 10 000 membres en 1970. L'année suivante, le Ministère de la Jeunesse et des Sports décide d'accorder aux instructeurs d'Aïkido une licence officielle d'enseignement à l'exemple des professeurs de Judo. 
L'Etat assume ainsi le rôle de vérifier la qualité et le niveau technique des futurs professeurs. N'étant pas spécifiquement équipé pour assumer ce rôle, il délègue ses pouvoirs aux deux organisations à même de mieux le représenter, la FFJDA et la FFDA, mais ne parvient pas, face aux résistances mutuelles, à imposer une fédération unique.

La même année, en 1971, M. PFEIFFER, ancien président de la FFJDA, crée l'Union Nationale d'Aïkido (UNA) sous l'égide de la FFJDA, afin de parvenir à unir les trois principaux groupes. L'UNA se compose alors de l'ACFA dirigée par TAMURA Sensei, du Cercle d'Aïkido Traditionnel (CAT), de NOCQUET Sensei et du groupe Yoseikan de MOCHIZUKI Sensei. L'Institut NORO, affirmant son affirmant son indépendance vis-à-vis de la FFJDA, refuse de se joindre à cette nouvelle fédération d’Aïkido. Sous l’impulsion de l’UNA, une commission représentative de ces trois groupes est créée et 500 professeurs ayant exercé au moins trois ans dans un dojo sont diplômés. Deux ans plus tard, TAMURA sensei, NOCQUET Sensei et MOCHIKUZI Sensei s’accordent pour mettre au point des principes d’enseignement appelés « la Méthode Nationale ». Ce travail est publié en 1975 sous le titre Aïkido, méthode nationale avec pour unique auteur TAMURA Sensei. À partir de cette date commence la désintégration de l’UNA, laissant TAMURA Sensei seul à la tête de l’organisation, avec, pour quelques années encore, l’accord de l’Etat.

Le 12 octobre 1975, Doshu Kisshomaru UESHIBA, fils de O Sensei, est invité en France. Il est témoin de la création le 2 novembre de la Fédération Internationale d’Aïkido (IAF) et de la Fédération Européenne d’Aïkido (EAF). Sur l’insistance de l’Aïkikaï, l’inauguration officielle de l’IAF a lieu un an plus tard à Tokyo. Son premier président fut le Français Guy BONNEFOND. À la fin de l’année 1975, l’UNA compte à elle seule près de 16700 membres. En ajoutant les adeptes des autres groupes, plus de 20.000 pratiquants sont dénombrés. Les années 1975-1980 témoignent de grands bouleversements au sein de l’UNA qui perd un quart de ses membres, ne comptant plus que 12 500 inscrits en 1977-78. Un certain nombre d’instructeurs quittent l’organisation et proclament leur indépendance. De nombreux dojos autonomes voient ainsi le jour. Pour tenter de mettre un semblant d’ordre dans ces différentes écoles, Guy BONNEFOND crée la Fédération Nationale d’Aïkido (FNA). Une conférence réunissant tous les groupes est organisée sans qu’une issue positive soit trouvée à la consternation du Ministère de la Jeunesse et des Sports. 

En 1977, pour élever le niveau technique des enseignants, TAMURA Sensei dirige dix séminaires nationaux avec la nouvelle fédération, ainsi que 240 stages locaux. Malgré ses efforts, la FNA ne compte que 12.300 membres à la fin de l’année. Au même moment, quatre grands groupes, la FFJDA de NOCQUET Sensei, le CERA d’Alain FLOQUET Sensei (ancien élève de Hiroo MOCHIKUZI Sensei), l’Institut Noro et la Fédération française de Yoseikan Budo de Mochizuki s’opposent à la FNA et créent la Fédération des Arts Martiaux Traditionnels. 

Le troisième congrès de la IAF est organisé à Paris en octobre 1980. Plus de 400 professeurs et élèves assistent aux débats et séminaires dirigés par Doshu Kisshomaru Ueshiba, son fils Moriteru, Rinjiro Shirata et différents représentants japonais de l’Aïkikaï en Europe. Le congrès est marqué par d’explosives prises de position et la volonté de l’Aïkikaï de ne reconnaître officiellement qu’une seule organisation internationale. Devant la situation chaotique des arts martiaux en France, due en partie à l’arrivée massive de réfugiés du Sud-Est asiatique, une situation qui a entraîné la prolifération de nombreux dojos, le Ministère de la Jeunesse et des Sports exige en 1981 des différents groupes et écoles qu’ils adhèrent à l’une des trois fédérations officielles, Judo, Aïkido et Karaté. D’autre part, la crise de la section Aïkido de la FFJDA se développe. Une réunion est organisée en 1982 pour mettre au point une déclaration d’indépendance. Bien qu’un accord de principe soit unanimement approuvé, un groupe apparaît favorable à une indépendance progressive alors que l’autre groupe, dirigé par TAMURA Sensei, prône une séparation urgente et immédiate. En fait, le groupe de TAMURA Sensei avait préparé la structure d’une nouvelle organisation indépendante mais, en dépit du soutien de Guy BONNEFOND, président de la section Aïkido, il doit renoncer en avril et laisse la future organisation sans haut gradé. La Fédération Française d’Aïkido, Aïki-Budo etAssimilé (FFAAA) prend place en 1983 sous la présidence de Jacques Abel. La FFAAA reçoit l’agrément officiel du Ministère et se compose pour l’essentiel du groupe favorable à une indépendance progressive. Les fédérations de NOCQUET Sensei et de FLOQUET Sensei rejoignent alors la nouvelle organisation. 

De l’autre côté, TAMURA Sensei, ainsi que CHASSANG et BONNEFOND qui jouent un rôle déterminant, optent pour la rupture complète avec la FFJDA et créent la Fédération Française Libre d’Aïkido et de Budo (FFLAB) qui deviendra plus tard la Fédération Française d’Aïkido et de Budo (FFAB). 

En 1985, NOCQUET Sensei quitte la FFAAA pour rejoindre la FFAB de Tamura Sensei. La FFAAA se retrouve sans haut gradé en son sein, bien qu’elle compte beaucoup de professeurs expérimentés. Parmi ces derniers, Christian TISSIER Sensei qui, après avoir étudié 7 ans à l’Aïkikaï Hombo Dojo de Tokyo, est rentré en France en 1976 pour enseigner. Son succès sans précédent lui permet au cours des années de développer la ferveur de plusieurs centaines d’élèves. TISSIER Sensei devient de facto le leader de la FFAAA en contre point à TAMURA Sensei de la FFAB. À l’heure actuelle (1995-96), la situation s’est éclaircie et l’Aïkido poursuit son développement. La FFAAA compte 25.600 membres, dont 19.437 hommes (75,93%) et 6.163 femmes (24,07%) répartis dans 709 clubs affiliés. La FFAB compte 27.757 membres dont 21.444 hommes et 6 313 femmes pratiquant dans 780 clubs. Avec plus de 58 000 membres, si on prend en compte les différents groupes indépendants qui s’entraînent dans près de 2000 dojos, il apparaît que la France dépasse le Japon en termes de membres actifs et assume ainsi l’honneur d’être le pays accueillant le plus grand nombre de pratiquants dans le monde.  



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