Comme expliqué dans la section histoire, Kashima-Shinryû prit d'abord forme lorsque MATSUMOTO Bizen-no-kami Ki no Masamoto développa Ichi-no-tachi. Cette technique représente l'expression physique ultime d'une approche de l'art du sabre basée sur l'application équilibrée des 5 lois liées (goko-no-hojo) connue en tant que : mouvement et immobilité font un (dosei ittai), création et manifestation font un (kihatsu ittai), attaque et défense font un (kobo ittai), vide et réalite font un (kyojitsu ittai), et Yin et Yang font un (in'yo ittai). |
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Un principe spirituel, à l'opposé de cette technique, fut introduit par le 12eme Shihanke, KUNII Taizen Minamoto no Ritsuzan, lorsqu'il formula Musoken (épée non-sortie). Ichi-no-tachi met en valeur les 5 lois liées pour révéler le principe de fonctionnement de leur régénération (shintô no genri), alors que Musoken distille les 5 lois liées en kiate-no-koto (attaquer avec le ki). Kashima-Shinryû se développa sous ce type de fonctionnement, dans lequel chaque maître s'attacha à raffiner toujours plus les principes sous-jacents de l'art en techniques se rapprochant encore de l'idéal du shinbu (pouvoir martial et moral ultime). Ainsi, les applications techniques qu'ils élaborèrent ne sont pas distinctes les unes des autres, mais incluent en elles-mêmes les bases de chaque autre technique de la même matrice qu'est Kashima-Shinryû. |
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Aussi essentiels que les 5 lois liées, qui guident Kashima-Shinryû par son ensemble unifié de principes philosophiques ou métaphysiques, sont les 5 vecteurs (ho-en-kyoku-chok-ei) qui présentent un ensemble unifié de principes physiques qui contrôlent les mouvements de Kashima-Shinryû. Ils s'assurent que toutes les techniques correspondent bien aux formes fondamentales d'interactions en spirale. Puisque Kashima-Shinryû enseigne que le but ultime de l'art martial est d'appréhender "les principes de création de l'univers", les techniques martiales que chacun pratique doivent également être exécutées en accord avec le cycle sans début et sans fin d'émergence, réintégration, et ré-émergence (hakken, kangen, suishin) démontré par tous les phénomènes naturels. |
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La façon dont les membres de Kashima-Shinryû se tiennent, par exemple, permet à leur épée de se trouver dans la même position lorsque la technique est amorcée et lorsqu'elle se finit, ainsi la dynamique du mouvement dans la technique en elle-même rejoint celle de l'immobilité. |
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La forme actuelle de Kashima-Shinryû est le résultat des efforts du 18eme Shihanke, KUNII Zen'ya (1894-1966), qui cultiva son entraînement aux arts martiaux jusqu'aux limites de l'endurance humaine puisqu'il réévalua, suivant les préceptes des 5 lois liées, chaque technique reçue dans la tradition et s'évertua à les rehausser au plus haut niveau spirituel des arts martiaux japonais qu'il identifia comme étant "l’épée de Takemikazuchi de Hoyo-Doka"(approbation et résolution). Ceci constitue l'essence de l'art martial dont le 19eme Shihanke, SEKI Humitake, hérita et qu'il enseigne dorénavant à la prochaine génération au travers de méthodes éducatives appropriées au monde actuel.Kashima-Shinryû forme un système d'art martiaux complet, dans lequel chacune des techniques a, à la fois, des applications omote (extérieur) et ura (intérieur). Dans cet ensemble d'extérieur et intérieur unifié (hyori ittai), son système externe est représenté par le kenjutsu (épée), kaikenjutsu (couteau), battojutsu (couper en degainant), jojutsu (baton), sojutsu (pique) et naginatajutsu (lance), et son système interne comprend entre autres jûjutsu et bojutsu. Suivant les circonstances, une technique externe peut, même au moment où elle est appliquée, devenir une technique interne. Chaque technique reposant sur les mêmes principes que toutes les autres, si l'un maîtrise les techniques de bases de kenjutsu et de jûjutsu, alors il peut librement et habilement employer les techniques de n'importe quel autre partie du curriculum de Kashima-Shinryû. Pour cette raison, une brève présentation des curriculums de kenjutsu et jûjutsu peut suffire à révéler la structure sous-jacente de l'ensemble du curriculum de Kashima-Shinryû.
Kenjutsu L'entraînement de Kashima-Shinryû suit un curriculum composé des séries d'exercices suivants :
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Extérieur et Intérieur font unLorsqu'un pratiquant atteint la maîtrise des exercices précédents de kenjutsu, qui constituent l'art externe, alors il est censé être capable d'apprendre les nouvelles techniques des arts internes, tels que jûjutsu ou bojutsu, aussi facilement qu'en un jour d'entraînement. Ceci est possible car les mouvements corporels basiques utilisés en kenjutsu sont également utilisés pour tous les autres aspects du curriculum de Kashima-Shinryû. En d'autres mots, les mêmes mouvements sont pratiqués dans les entraînements de kenjutsu, jûjutsu, etc. |
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Enfin, les différences de puissance physique pouvant jouer un rôle majeur dans la réussite des arts internes, un entraînement régulier est nécessaire aux débutants afin de maîtriser les mouvements basiques d'interaction en spiral qui vont permettre d'effectuer une projection en un seul mouvement et d'envoyer de l'énergie, ou ki, d'une manière efficace. |
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Afin de développer ces capacités, l’entraînement de jûjutsu de Kashima-Shinryû suit un curriculum organisé selon les séries d'exercices suivants : Reiki-no-Ho and Reikinage, Idori, Tachiwaza, Nagewaza, Kumiwaza Gusokudori, Toritegaeshi, et Ushirowaza. Tous ces exercices sont bien évidemment enseignés par Kuden.
Reiki-no-Hô et Reikinage
Ces exercices ne sont pas organisées en séries de techniques déterminées mais constituent les mouvements caractéristiques sur lesquels toutes les techniques de jûjutsu Kasima-Shinryu sont basées. Ils permettent de déplacer le corps tout en neutralisant et projetant de l’énergie, et permettent également de développer de puissants mouvements physiques. Selon la mythologie enregistrée dans le Kojiki (Récit des affaires anciennes, 712), Reiki-no-Ho fut exécuté en premier par Takamikazuchi-no-Mikoto, la déité de Kashima, lorsque sa mission de pacifier les déités terrestres mineures fut mise à l'épreuve par une autre déité nommée Takeminakata. D'après le mythe, Takeminakata tenta de saisir le bras de Takemikazuchi. Cependant ce dernier changea son bras en une colonne de glace, puis le changea à nouveau en une lame d'épée, ce qui fit reculer de peur Takeminakata. A son tour, Takemikazuchi empoigna le bras de Takeminakata comme s'il s'agissait d'une jeune pousse de plante, l'écrasa et le jeta au loin. Ainsi lors de la pratique de ces exercices, le pratiquant tente d'approcher le pouvoir suprême retranscrit dans ce récit mythique.
Idori
Ces exercices sont exécutes en position seiza, i.e. assis, les jambes pliées sous le corps. Cette posture limite la liberté de mouvements ainsi tout mouvement superflu doit être évité. De plus les techniques ne peuvent pas être efficace à partir de cette posture sans utiliser l'énergie depuis le tanden (bas abdomen) pour la projeter en même temps que le mouvement est exécuté. Pour cette raison, ces exercices requièrent de maîtriser la détection, la déviation et enfin le contrôle de l'énergie, ou ki, de l'ukete (le partenaire dans le rôle de l'enseignant).
Tachiwaza
Ces exercices sont exécutés en tant que confrontations debout (tachiai). Plusieurs de ces exercices répliquent les mêmes mouvements que dans la série Idori mais avec une liberté de mouvement pour les jambes. Chaque exercice commence avec omotewaza (techniques externes) qui invitent le kaeshiwaza (contre-technique) de l'ukete. Ces exercices requièrent donc que le pratiquant apprennent à appliquer eux-même omotewaza au niveau d'urawaza (technique interne).
Nagewaza
Ces exercices sont exécutés en tant qu'affrontements mobiles (yukiai), ce qui introduit une difficulté supplémentaire pour le calcul des distances et du timing. Ils nécessitent d'apprendre à répondre à une attaque grâce à l'utilisation mécanique optimum de sa force et sont ainsi une excellente pratique pour maîtriser et internaliser les principes fondamentaux exprimés dans l'enseignement des 5 lois liées et des 5 vecteurs de Kashima-Shinryû.
Kumiwaza Gusokudori
Ces exercices enseignent les techniques de projection pouvant être utilisées sur les champs de bataille entre combattants habillés avec les armures traditionnelles qui s'affrontent (yukiai) après avoir perdu leurs armes. De même que les exercices de Kassen en kenjutsu, ces exercices de jûjutsu sont les réminiscences d'un autre âge. Les armures limitent la liberté de mouvement, ainsi ces exercices nécessitent l'apprentissage des principes mécaniques de levier et de poulie.
Toritegaeshi
Ces exercices avancés et variés se focalisent sur la riposte d'attaques diverses telles que empoignade, coup de poing, coup de pied, ou même armes de poings. Certains exercices impliquent des situations où le pratiquant ne peut utiliser ses bras, ou alors des situations où des obstacles interdissent des mouvements dans certaines directions. Ces exercices nécessitent que le pratiquant apprenne à appliquer les principes de jûjutsu de Kashima-Shinryû dans n'importe quelle circonstance, y compris dans notre société industrialisée moderne.
Ushirowaza
Ces exercices se focalisent sur les attaques initiées depuis le dos du pratiquant.
Bien évidemment, l'enseignement oral est autant indispensable pour l’apprentissage du jûjutsu que pour n'importe quel autre aspect de Kashima-Shinryû. Il est fortement déconseillé de pratiquer ces techniques sans la supervision d'un enseignant certifié.
Les entraînements de Kashima-Shinryû se déroulent suivant la méthode traditionnelle de pratique par paire (kata keiko). Ces exercices sont réalisés d'une façon la plus réaliste possible afin de permettre aux pratiquants d’acquérir les principes de base pouvant être employés librement sans se cantonner à des formes rigides prédéterminées telles que rythmes constants, séquences, positions.. Pour cette raison, les entraînements de Kashima-Shinryû sont considérés comme des schémas flexibles et non pas une suite de mouvements rigides. Les styles anciens (koryu) se doivent d'être maîtrisées en tant qu'arts martiaux vivants, dynamiques et efficaces.