Le Sabre est le cœur.
Si le coeur n'est pas droit,
Le Sabre ne l'est pas.
Si l'on veut apprendre le Sabre,
Il faut d'abord apprendre le coeur.
Cela ne s’applique pas seulement en Kendô ou Iaïdô. L’idéogramme pour « Ninja » n’est-il pas fait de l’image du sabre et du cœur ? Hatsumi Masaaki, sôke des 9 écoles du Bujinkan (Budô Ninpô Taijutsu) n’a-t-il pas dit : « Oubliez votre peine, colère, rancune et haine. Laissez-les passer comme la fumée prise par la brise. Vous ne devriez pas dévier du chemin de la droiture: vous devriez mener la vie d'un homme de bien. Ne soyez pas possédé par l'avarice, la luxure, ou votre ego. Vous devriez accepter le chagrin, la peine et la haine comme elles sont et les considérer comme une chance et une épreuve donnée par les pouvoirs (les puissances divines)...une bénédiction donnée par la nature. Engagez totalement à la fois votre esprit et votre temps dans le budo et ayez votre esprit profondément ancré dans le bujutsu. » ? (article du 25 décembre 2006 – Citations).
Dans chaque art martial, soyez dénué d’intentions. Ne cherchez pas à détruire et ne soyez pas arrogant. Votre cœur doit être délesté de tout désir. C’est votre art qui doit vous apporter la sérénité et vous éclairer. Le pratiquant ne la trouvera pas en détruisant l’harmonie entre lui et les autres. Son art ne doit pas le mettre en danger ni ceux autour de lui. Détournez-vous de Satsu Jin Ken, qui est un principe malsain et inutile de nos jours. Les pratiquants devraient entraîner leurs cœurs et leurs esprits constamment en recherchant l’échange et en développant une amitié constructive. Kobayashi Senseï disait: « Changez le cœur de l’adversaire » (Aïte no kokoro kawaru). De même, O Senseï Ueshiba déclarait : « Enveloppez votre adversaire dans votre cœur ». Il s’agit de transformer les énergies négatives, tout en évitant le conflit (le meilleur des sabres est celui qui reste dans son fourreau – vaincre d’abord, couper ensuite). Il ne s’agit pas de vaincre l’adversaire mais de se vaincre « soi-même ». A partir de là, une fois les doutes, les peurs et la fierté effacés, il est possible de résoudre les conflits sans violence. Comme le dit André Cognard, on aura à ce moment élevé « la notion de combat au niveau de la compassion ».
On trouve en Kendô cette expression : « Yakusoku-geiko ». C’est la promesse permanente que se font les Kendoka de se donner l’un à l’autre la chance d’apprendre et de progresser. Il n’y a pas dans cet esprit de volonté de victoire (gagner par tous les moyens) et chacun repart en ayant assimilé des principes et techniques. Ainsi, le sabre ou l’art devient un outil de vérité. On parle parfois de Sabre de l’Illumination, celui qui a abattu le mal (en nous) et qui donc préserve la vie (adage attribué à l’instructeur des Shogun Tokugawa). Pour cela, il faut que :
« Ken Shin Itchi » (sabre et cœur ne font qu’un)
« Shin Gi Itchi » (cœur et technique ne font qu’un)
« Shin Shin Ichi Nyo » ou « Shin To Shintai » (cœur et corps ne font qu’un)
En définitive, dans Katsu Jin Ken, le sabre est le miroir du cœur et l’esprit doit être au bout du sabre.