Suite à mon premier article (Arts Martiaux : s’entraîner au Japon), il me semble utile de casser quelques mythes. Un voyage au Japon est une expérience particulièrement riche et pour beaucoup une chance unique de pratiquer à la source, mais cela peut vite virer au cauchemar.
Tout d’abord il ne faut pas croire que les Japonais sont forcément meilleurs. J’ai parfois entendu qu’un 1er dan Japonais valait un 3ème dan Français. C’est mignon et ça participe au mythe mais c’est bien évidemment faux.
Bien sûr on peut trouver au Japon des maîtres remarquables, qui n’ont que peu de concurrence à travers le monde, à l’image de Kuroda Tetsuzan par exemple. Mais pour beaucoup, le niveau n’est pas nécessairement supérieur à celui que l’on peut trouver plus près de chez soi, le folklore en moins. Je me souviens par exemple d’une démonstration il y a quelques années, qui avait de quoi rendre plus d’un pratiquant dépressif. La coupe d’un bambou au sabre qui finit avec la lame coincée, des Aikidokas pourtant gradés manifestement sous sédatif, etc. Peut-on vraiment considérer que l’on apprendra plus du Doshu a l’Aikikai que de Christian Tissier à Vincennes ? Probablement pas, mais c’est le Doshu et l’Aikikai. Difficile de lutter.
Un maître, où qu’il soit, a deux jambes, deux bras. Il s‘habille tous les matins, comme nous et n’est pas doué de super-pouvoirs. Si certains ont des capacités hors du commun, elles sont liées à leur travail et à des qualités innées, mais finalement assez peu à la géographie. Alors oui, bien sûr, on peut considérer que le pays source devrait avoir plus de pratiquants, une meilleure transmission et donc au final de plus grands maîtres. Mais ce serait oublier le fait que les arts martiaux, et en particulier les Koryus, n’ont pas tellement la cote au Japon. Le sport le plus pratiqué est probablement le Baseball. Le Judo comme le Kendo sont très pratiqués car obligatoires à l’école mais tous les arts ne sont pas dans ce cas. Trouver des écoles de Jujutsu n’a rien d’évident, de même pour tous les arts anciens. A l’exception des Budo modernes, la pratique reste confidentielle.
A titre de comparaison, la France doit compter environ 60,000 Aikidokas, et 10 fois plus de Judokas. Les disciplines plus confidentielles y sont relativement bien représentées, avec du Daito-Ryo, du Kokodo, du Yagyu Singan Ryu, etc. pour ne parler que du Japon. Et bien entendu les enseignants parlent français, ce qui ne peut que faciliter les choses. Sans compter un coût incomparablement plus faible et le fait d’avoir un enseignant qui peut vous suivre sur plusieurs années.
S’entraîner au Japon se prépare soigneusement. Un tel voyage implique de rencontrer les bonnes personnes et de s’assurer qu’elles vous enseigneront quelque chose de qualité. De même, ce n’est pas parce qu’une pratique est de qualité qu’elle vous apportera quelque chose si ça n’est pas ce que vous cherchez (en allant pratiquer un autre style par exemple) et il est important d’en être conscient.
La frontière entre le rêve et la désillusion est mince et c’est la façon dont vous préparerez ce séjour qui fera toute la différence.