Les geishas (Rediffusion)

21/10/15



Rediffusion des articles les plus populaires, durant les vacances 2015 (première parution 09/10/2013)



Article provenant du site Soleil levant et cerisiers.overblog.com
 

Geisha 5

Une geisha, plus souvent appelée geiko à Kyôto, est au Japon une dame de compagnie raffinée réservée à une clientèle très aisée, dédiant sa vie à la pratique d'excellence des arts traditionnels japonais.

 

 

Au XVIIIe et XIXe siècles, les geisha étaient nombreuses et bien qu'elles existent encore dans le Japon contemporain, leur nombre est en constante diminution. Estimé à 17000 dans les années 1980, il n'est plus que d'environ 200 de nos jours dans le quartier de Gion à Kyôto.

 

Le mot geisha se compose de deux kanji : gei qui signifie "art" et sha qui signifie "personne" ou "pratiquant". Une geisha est donc littéralement une "personne qui pratique les arts".

 

Dans le dialecte de Kyôto, les geisha sont appelées geiko et leurs apprenties maiko. Dans les autres régions du Japon, notamment à Tôkyô, on entendra les termes dehangyoku ou oshakusan pour désigner les jeunes filles en apprentissage.

 

Les geisha appartiennent au "monde des fleurs et des saules" (haryûkai) car unegeisha doit avoir la délicatesse d'une fleur ainsi que la force et la souplesse d'un saule.

 

C'est avec l'ouverture des maisons de thé (ochaya) dans les quartiers de plaisirs en 1712 que débuta le métier de geisha. En 1779, le gouvernement japonais officialisa le métier de geisha et créa un bureau d'enregistrement destiné à recenser les geisha et à faire respecter la loi. Celle-ci indiquait que seules les prostituées pouvaient avoir des relations sexuelles avec leurs clients et pas les geisha.

 

En 1944, pendant la seconde guerre mondiale, le gouvernement fit fermer les quartiers des plaisirs et envoya les geisha travailler en usine pour soutenir l'effort de guerre. Le 25 octobre 1945, les quartiers des plaisirs ouvrirent à nouveau mais l'interdiction totale de la prostitution en 1957 démarqua définitivement les geisha des prostituées. A la même époque, de nouvelles lois sur le travail des enfants et la scolarité obligatoire interdirent aux filles de devenir maiko avant l'âge de 15 ans.

 

Kyôto est traditionnellement la ville des geisha car c'est dans cette ville que les premières geisha firent leur apparition. De nos jours, c'est aussi à Kyôto qu'elles sont le plus nombreuses.

 

L'habillement

 

Le vêtement des geisha est un kimono de soie décolleté dans le dos appelé obebedans le dialecte de Kyôto. Les couleurs du kimono se choisissent selon la saison : lekimono d'été (ro) est en simple gaze de soie, le kimono d'automne (hitoe) est en soie non doublée et le kimono d'hiver (awase) est doublé de crêpe.

 

Le kimono est noué dans le dos par une large ceinture de soie nommée obi. Cet obise noue différemment selon l'âge de la geisha : les femmes mûres le portent en "noeud de tambour" mais les maiko le portent en "traîne" avec un noeud qui remonte jusqu'aux omoplates, le bout de l'obi traînant presque par terre. Un tel noeud dans le dos distingue les geisha des oiran et autres prostituées qui nouaient leur obi sur le devant pour l'enlever et le remettre plusieurs fois au cours d'une soirée.

 

Les kimono sont fabriqués et peints à la main, ce qui les rend très chers : entre 5000 et 6000 euros pour un beau kimono.

 

En guise de sous-vêtements, les geisha portent un koshimaki ou "couvre-hanches", une simple bande de tissu fin enroulée autour des hanches, puis une combinaison. Cette dernière doit être en harmonie avec les couleurs du kimono car elle apparaît à deux endroits : au niveau des chevilles quand la geisha remonte son kimono pour marcher et au niveau du col. Ce col est traditionnellement cousu chaque matin à la combinaison choisie par la geisha, puis décousu le soir pour être lavé. Il est rouge (couleur associée à l'enfance) pour les maiko et blanc pour les geisha confirmées. Elles portent aux pieds des chaussettes (tabi) et des sandales de bois (geta).

 

Le maquillage

 

Le maquillage des geisha est en réalité le même que celui des maiko. Le visage est entièrement fardé de blanc par-dessus une couche d'huile. Le maquillage est étalé à l'aide d'une brosse de bambou puis l'excédent est tamponné avec une éponge. Autrefois, ce maquillage contenait du plomb, si bien que beaucoup d'anciennes geishasouffraient de maladies et de problèmes de peau. De nos jours, il est à base de poudre de riz. Comme le visage, la nuque est également blanchie en laissant apparaître une partie de la peau. Les joues, les yeux et les lèvres sont maquillés de rouge. Les sourcils et le contour des yeux sont tracés avec un bâtonnet de charbon de paulownia ou avec du khôl. La bouche peut être entièrement teintée de rouge mais beaucoup de maiko maquillent uniquement le milieu de la bouche de façon à créer un air boudeur.

Le maquillage est une opération délicate et les maiko se font souvent aider par leurokasan ou par une maquilleuse lorsqu'elles débutent. Par la suite, elles doivent apprendre à faire leur maquillage elles-mêmes. Au fur et à mesure de leur carrière, elles diminuent la quantité de maquillage et les geisha de plus de trente ans ne portent quasiment plus de maquillage excepté dans les grandes occasions.

 

La coiffure

 

Les coiffures des geisha sont des chignons traditionnels japonais. Elles sont faites chez un coiffeur spécialisé et doivent tenir une semaine. Afin de ne pas aplatir leur coiffure, les geisha doivent dormir sur un "repose-nuque" (takamakura). Les chignons nécessitant de tirer assez fortement sur le sommet du crâne, beaucoup d'anciennesgeisha ont une calvitie. Cela tend à disparaître de nos jours, d'une part parce que lesmaiko débutent plus tard qu'avant et d'autre part parce que certaines geisha utilisent des perruques.

La coiffure typique des maiko est dite 'en pêche fendue" : il s'agit d'un chignon divisé en deux et au milieu duquel apparaît une étoffe de soie rouge. Les geisha plus âgées portent d'autres types de chignons comme le marumage. Les chignons sont ornés de peignes ainsi que d'épingles à cheveux nommées kanzashi.

 

La vie et la carrière

 

Les geisha vivent dans des quartiers réservés nommés hanamachi ce qui signifie "ville fleur". Les hanamachi les plus célèbres de Kyôto sont Gion et Ponto-chô.

Elles sont toujours rattachées à une maison de geisha, une okiya, même si elles n'y vivent pas. Les okiya sont des maisons de femmes où très peu d'hommes sont autorisés à entrer. La structure d'une okiya s'apparente à une structure familiale où la patronne est appelée okasan (mère) et où les geisha les plus âgées sont considérées commes les grandes soeurs des plus jeunes.

Une okiya se transmet par succession et c'est l'une des geisha de la maison qui est désignée comme l'héritière. Il peut s'agir de la fille naturelle de l'okasan ou bien d'unegeisha talentueuse adoptée par la maison.

Les geisha, de nos jours, ont le choix entre deux modes de vie : soit elles vivent dans une okiya qui leur fournit un logement et des kimono mais perçoit une partie de leurs gains en échange, soit elles sont indépendantes. Dans ce dernier cas, elles vivent dans leur propre logement et financent elles-mêmes leurs tenues vestimentaires et leur équipement mais elles conservent la quasi-totalité  de leurs gains. Cependant, elles restent rattachées à l'okiya qui leur sert d'"agence de rendez-vous" et qui perçoit une petite commission en échange.

Les geisha forment souvent de véritables "lignées" car chaque jeune fille désirant devenir geisha doit pour cela se trouver une "grande soeur" (onêsan) elle-mêmegeisha et plus âgée qu'elle, qui lui enseigne le métier, l'emmène à ses rendez-vous et touche en contrepartie un pourcentage des gains de sa "petite soeur" durant l'apprentissage. La "grande soeur" et la "petite soeur" se lient lors d'une cérémonie appelée san san ku do, au cours de laquelle elles boivent trois gorgées dans trois coupes de sake. A ce moment là, la "petite soeur" se choisit un nom de geisha sur les conseils de son onêsan. Elle prend généralement un nom dont la racine est la même que celui de son onêsan : ainsi la "petite soeur" d'une geisha nommée Ichiume pourra prendre le nom d'Ichigiku.

Une geisha, pour augmenter ses gains ou devenir indépendante, a besoin d'un protecteur, nommé danna, un homme riche qui lui fait de nombreux cadeaux mais qui ne le dispense pas de payer les prestations de la geisha au tarif normal. La geishaet son danna se lient au cours d'une cérémonie analogue au san san ku do. Autrefois, la notion de danna impliquait que la geisha ait des relations sexuelles avec son protecteur, même si ce n'était jamais dit officiellement. Le danna était d'ailleurs souvent choisi non pas par la geisha elle-même mais par l'okiya, en fonction de sa richesse et de son prestige.

Il est possible qu'une geisha ait des relations plus ou moins suivies avec des hommes qu'elle a rencontrés mais ces relations sont généralement discrètes car la réputation d'une okiya pâtirait du mauvais comportement de ses geisha. Les geisha sont censées être célibataires et celles qui se marient abandonnent leur métier.

 

L'apprentissage

 

Les geisha étaient traditionnellement entraînées depuis leur petite enfance. Les fillettes étaient vendues par les familles pauvres aux okiya qui se chargeaient de les élever et d'assurer leur éducation. Durant leur enfance, elles travaillaient comme bonnes, puis comme assistantes dans les maisons de geisha pour contribuer à leur entraînement mais aussi pour assurer le remboursement de la dette contractée pour le coût de leur éducation qui est souvent élevé. En particulier, la plus jeune fille de l'okiya avait pour tâche de veiller à l'entrée et d'accueillir les geisha qui revenaient de leurs rendez-vous.

Elles commençaient dès leur plus jeune âge à pratiquer un vaste éventail d'arts. La tradition japonaise veut que les enfants qui pratiquent les arts commencent le 6ème jour du 6ème mois de leur 6ème année mais il arrivait que les futures geishacommencent plus tôt encore.

La formation des geisha inclut la pratique de plusieurs instruments de musique : leshamisen (instrument à trois cordes typique des geisha), mais aussi la flûte japonaise ainsi que différents tambours traditionnels : le tsutsumi qui se tient sur l'épaule, l'okawa sur les cuisses, et enfin le taiko, le plus grand, que la geisha pose à côté d'elle et frappe avec une baguette. Fait surprenant, les airs de shamisen ne sont généralement pas inscrits sur des partitions et les geisha les apprennent à l'oreille.

Elles apprennent également le chamoyu (cérémonie du thé), l'ikebana (l'art de la composition florale), la poésie et la littérature japonaise. En regardant et assistant leurs aînées, elles apprennent le kitsuke (port du kimono), l'art de la conversation, différents jeux et l'art de divertir leurs clients.

La danse traditionnelle est étudiée par toutes les geisha afin d'obtenir un port gracieux et une démarche élégante mais seules les geisha les plus belles et les plus douées sont encouragées à se spécialiser dans cet art.

La formation d'une geisha se termine officiellement lors de la cérémonie dite du "changement de col" (erikae) où elle remplace son col rouge de maiko par le col blanc des geisha confirmées.

La tradition veut que la maiko soit mise aux enchères lorsqu'elle est jugée digne d'êtregeisha à part entière. A l'époque Edo, ces virginités étaient vendues au plus offrant vers l'âge de 14 ans mais depuis les années 50 les enchères ne commencent que quand la maiko a atteint les 18 ans. Ces virginités n'ont pas de prix et atteignent souvent des sommes si importantes que seuls de grands industriels peuvent se les offrir et le prestige en rejaillit sur leur entreprise. On donne le nom de danna à ces riches personnages qui n'achètent pas seulement la première nuit mais plusieurs nuits sur parfois plus d'une année. Souvent mariés, ces danna achètent surtout l'admiration de leurs pairs et n'ont pas toujours de relations sexuelles avec la maiko.

 

Leur rôle

 

Le travail principale des geisha est de participer aux banquets nommés zashiki. Ces derniers ont généralement lieu dans des ochaya (maisons de thé) ou dans des restaurants traditionnels mais ils peuvent aussi se dérouler dans des salons privés ou chez des particuliers.

Les geisha ont pour rôle de divertir les clients. Selon le client ou les circonstances, elles peuvent danser ou jouer des airs traditionnels ou simplement leur faire la conversation ou jouer à divers jeux de société.

Les honoraires des geisha portent le nom poétique de o hana ou hanadai qui signifie "argent-fleur". Ils sont proportionnels au temps que passe la geisha au zashiki. Unemaiko sera rémunérée au niveau d'un demi hanadai alors qu'une geisha confirmée en aura le double.

 

 

Les geisha de Tôkyô

 

La capitale du Japon possède elle aussi ses hanamachi et elle est la seconde ville la plus importante pour le nombre de ses geisha.

A Tokyo, le nom associé aux geisha est gyoku (bijou) plutôt que hana (fleur). Leurs honoraires sont appelés "argent-bijou" (gyokudai)  et les apprenties geisha sont appelées hangyoku ce qui signifie "demi-bijou" car comme à Kyôto, elles ne perçoivent que la moitié des honoraires d'une geisha confirmée.

 



Article provenant du site Soleil levant et cerisiers.overblog.com

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